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Comment, moi sourde, je fais en télétravail ?

Pendant le premier confinement, j’avoue avoir été dépassée par la situation inédite, comme presque tout le monde.

Même si je faisais déjà le télétravail une fois par semaine avant, je faisais tout pour que les réunions importantes se passent à mon bureau pendant mes jours de présence physique.

Je partage avec vous mon expérience et comment je m’en suis sortie pendant les confinements.

Les outils pour suivre à distance

Pour suivre les échanges professionnels à distance, ces outils sont à ma disposition dans mon entreprise :

  • l’email
  • la messagerie instantanée (avec ou sans vidéo)
  • le partage de document (un outil qui permet de montrer notre écran ou un document à quelqu’un à distance) avec un numéro de téléphone sur lequel on peut échanger.
  • un outil de visioconférence
  • la prestation de retranscription écrite (pour moi)

Comment je communique ?

Déjà, le mail, c’est la com de base… on sait que ce n’est pas toujours suffisant pour travailler.

Quand on est 2 :

  • messagerie instantanée
  • outil de visio (quand la vidéo n’est pas hachée !)… quand je ne comprends pas la personne, je l’invite à s’exprimer par écrit dans le tchat de la visio.

Quand on est plus de 2, j’ai testé différents types de réunions :

>> avec la messagerie instantanée, des réunions silencieuses avec plusieurs personnes, oui ! cela s’est bien passé, comme quoi, on peut se passer de la voix pour décider.
Si vous voulez une réunion écrite à plusieurs, proposez-le aux participants à l’avance pour ne pas les prendre au dépourvu.

>> réunion téléphonique avec plusieurs personnes (partage d’un fichier, visioconférence…) : je suis OBLIGÉE de réserver la prestation de retranscription écrite pour suivre les échanges, et j’utilise ma voix.
Je peux utiliser le tchat pour écrire une question, une remarque…

Alors, sur mes 2 écrans d’ordinateur, plusieurs fenêtres sont affichées :

  • partage d’un document ou / et de visio,
  • retranscription écrite,
  • messagerie instantanée.

Généralement, je mets toutes les fenêtres sur mon plus grand écran. Ainsi, j’ai une vue globale devant moi.

Vous imaginez bien que cela me demande plus de concentration pour gérer toutes ces fenêtres qu’à une personne lambda.

Pratiquer & apprendre

J’ai aussi appris à m’exprimer à distance. J’étais désemparée quant à nos codes de communication orale auxquels je n’étais pas du tout habituée.

En pratiquant, j’apprends à m’exprimer, à faire la transition en passant à un autre sujet (je n’y arrive pas toujours, assez difficile), à savoir quand intervenir dans une discussion (je coupe encore la parole !)

Mon équipe a aussi appris à s’adapter vis-à-vis de moi : ne pas me couper la parole non plus, attendre que je finisse de parler, ne pas parler trop vite, attendre quelques secondes de plus que je lise la retranscription écrite avec quelques secondes de décalage, que je réponde ensuite…

J’ai même demandé à mes amies sourdes comment elles se débrouillent en télétravail, leurs équipements pour participer à une réunion. Cela m’a beaucoup aidée à prendre du recul, à trouver ce qui me va le mieux.

Aujourd’hui, même après le 2ème confinement, je n’ai pas fini d’apprendre… et les collègues entendants non plus ! il y en a qui sont mal à l’aise avec certains outils.
On pratique ensemble, on découvre des outils, des fonctionnalités qui nous conviennent ou non… pour arriver à une situation idéale pour communiquer tous ensemble.

S’adapter

On pense qu’on a de la chance car on a tous ces outils à notre dispo mais, en réalité, c’est plus compliqué que ça.

Par exemple, quand je reçois une invitation pendant laquelle je risque d’intervenir, je demande généralement à l’organisateur de la réunion, l’utilisation d’un outil de visio pour que je puisse parler de vive voix.
Parfois, pour problème de connexion, l’organisateur préfère ne pas prendre un outil de visio si mon intervention dure 5 min pour un call d’1 heure. La personne parle à ma place (après avoir pris connaissance de mes infos) et je peux m’exprimer par le tchat.

En effet, je n’utilise pas mon téléphone pour appeler à un numéro de tél. Je peux… mais, aujourd’hui, je n’en ai pas envie.

Pour la petite anecdote : un jour, sur un pont téléphonique, j’ai appelé avec mon téléphone et la personne qui retranscrit, était aussi là.
Mais :
regarder les différentes fenêtres dont j’ai parlé
+ animer la réunion moi-même
+ faire attention à ma voix
+ articuler
+ ne pas trop éloigner mon tél de ma bouche…

Une grosse charge mentale ! cela m’a bien épuisée ! avec les acouphènes pour compagnie…

Ça va dans les deux sens

Je me suis débrouillée comme j’ai pu, pour mes projets. Pas seulement grâce à ces outils formidables ou à la retranscription écrite (qui, j’avoue, est indispensable pour mes 80% de réunions hebdomadaires ! les 20% passent par les mails ou la messagerie instantanée).

J’ai appris avec mes collègues et managers, à utiliser les différents outils, à trouver ceux qui nous conviennent le mieux, à m’exprimer davantage sur mon ressenti, mes besoins spécifiques (j’avoue que ce n’est pas fini).

C’est aussi grâce à eux qui s’adaptent en retour à ma situation, qui comprennent ma situation spéciale.

Ça va simplement dans les deux sens.

Communication avec mes enfants de 9,5 ans et 5 ans

Mon dernier billet sur ce thème remonte à assez loin, en octobre 2017… je n’avais pas vu le temps passer. J’ai dû parler de l’évolution de notre communication avec mes enfants, parsemée dans plusieurs billets en deux ans.

Pour le premier billet de l’année 2020, je propose ce sujet qui m’apporte beaucoup sur notre relation mère-enfant !

L’aîné de presque 10 ans

Ah P’tit Loup… Il va très bientôt passer à sa première décennie… je devrai peut-être faire évoluer son surnom, n’est-ce pas ?

Alors, il me parle encore sans voix (pas tout le temps mais le plus souvent, oui).

J’avoue que je ne supporte pas trop cela car il me parle sans reprendre le souffle. Donc, forcément sans sa voix, il peut articuler aussi longtemps qu’il peut, pendant des minutes, sans faire de pause : ça devient ma hantise !

Je l’oblige parfois à me parler avec sa voix. Particulièrement quand il veut me raconter une anecdote ou je-ne-sais-quoi qui me demande quand même plusieurs minutes de concentration !

(C’est ainsi que je me suis aperçue que si l’on arrive à lire sur les lèvres pendant 10 minutes, c’est parce que mon interlocuteur reprend de temps en temps son souffle. C’était tellement inconscient chez moi que je remercie P’tit Loup pour cette découverte !)

Et souvenez-vous de la dactylologie que je lui ai apprise l’an dernier ?

Entre-temps, il a oublié certaines lettres (surtout les plus compliquées en terme de configuration). Quand il essaie d’épeler un mot, je lui demande d’utiliser la vraie dactylologie pour qu’il la pratique un peu plus souvent.

Il est le seul membre de ma famille à connaître la dactylologie, et j’ose espérer que ma fille suivra aussi ce chemin-là !

La cadette de 5 ans

Tchipie est encore très attentive à moi comme si elle se sentait un peu responsable de moi.

Et elle est débordante d’imagination. Si je demande à mon mari comment est le bruit qu’il vient d’entendre, il ne sait pas forcément me répondre. Si je demande la même chose à ma fille, elle est tout à fait capable de traduire ce bruit en imitation soit visuelle soit orale (et mon fils aussi, bien sûr).

Contrairement à mon fils, elle me parle plus souvent avec la voix que sans voix, il me semble. Je m’en rends compte avec les réactions de mon mari et mon fils qui l’entendent me parler, mais je peux me tromper.

Elle s’intéresse aussi aux signes des petits livres que j’avais achetés pour P’tit Loup !

Tchipie a eu moins d’explications sur ma surdité, puisqu’elle imite son grand frère. Sur ce point, j’ai essayé d’être vigilante avec elle. Je ne voulais pas qu’elle se comporte par jeu d’imitation mais qu’elle en soit bien consciente, de l’impact de ses attitudes, etc…

Dans tous les cas, elle est aujourd’hui en grande section de l’école maternelle. Elle dit à certains enfants de son âge que je suis sourde et que l’on doit me parler doucement.

Mes petits entendants

Bien sûr qu’ils se lassent parfois quand je dis que je ne les comprends pas. L’aîné s’énerve parfois franchement (un pré-ado ?) alors que la petite fait un petit soupir. La première fois qu’elle l’a fait, c’était il y a deux ou 3 mois.

Est-ce qu’ils répètent ? oui et non. Cela dépend particulièrement de leur humeur, de leur forme. Je fais maintenant attention à choisir le bon moment pour leur demander de me répéter mais c’est parfois raté !

Et vous, comment cela se passe avec vos enfants? 🙂

Comment nos enfants nous appellent ?

Imaginons que vous êtes en train de lire un roman dans un fauteuil douillet. Vous êtes dans la même pièce que vos deux enfants adorables qui jouent seuls. D’un coup, ils vous tapotent sur le bras ! Limite tremblement de terre !

Alors, comment préférez-vous que vos enfants vous appellent : Continuer la lecture

On me parle bizarrement

anglaisCe week-end, au square, on a croisé un copain de classe de P’tit Loup. Ils ont bien joué ensemble ; à un moment, P’tit Loup a réussi à monter sur un grand jeu qui arrive à ma taille, pas son copain… celui-ci vient me voir et me demande de l’aider à monter, je remarque qu’il est attentif avec moi.

Le soir-même, je demande à P’tit Loup s’il a expliqué à son copain car il m’a parlé doucement et en face de moi. Continuer la lecture

Ce mot composé et obsolète

‘Sourd-muet’ ou bien ‘sourd et muet’… c’est un mot qui est très utilisé depuis la fin de l’année dernière car on a beaucoup parlé des CODA / EEPS grâce au film La famille Bélier et l’autobiographie Les mots qu’on ne me dit pas… C’est génial qu’on mette en avant cette partie de communauté inconnue dans les médias mais ça me fatigue de lire sourd-muet sur toutes les lignes, dans les gros titres, dans des articles, à la télé, etc… ça me fatigue et voyons ensemble pourquoi… C’est mon premier coup de gueule en 2015 Continuer la lecture

La communication (visuelle) avec mon enfant

On me demande souvent si je parle la langue des signes avec mon fils. Question normale.

Alors, en quelques mots, je parle oralement, j’utilise ma voix au quotidien, c’est d’abord mon état de « sourde oraliste ». C’est-à-dire que je privilégie l’oral au quotidien, peu importe le second moyen de communication que je peux avoir (Langue des Signes Française -LSF- ou Langage Parlé Complété -LPC-). Continuer la lecture