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Pourquoi vous portez tous des appareils ?

@mamannentendpas

C’est ma fille qui m’a posé la question. L’an dernier lors du premier déconfinement (je remonte loin, n’est-ce pas?)

C’était lors d’un week-end passé en province avec mes amis et leurs enfants. Les adultes sont sourds, les enfants entendants. Exceptionnellement, mon mari n’était pas avec nous.

À un moment donné, nous bavardons avec mes amis. Ma fille s’approche de moi, et me pose la question, discrètement, de peur d’être comprise de mes amis qui peuvent lire sur ses lèvres :

Pourquoi vous avez tous des appareils dans vos oreilles ?

Puis elle ajoute : ‘sauf Papa‘.

Je lui explique que nous sommes tous sourds sauf Papa 😉

Le monde à l’envers pour elle !

Comment, moi sourde, je fais en télétravail ?

Pendant le premier confinement, j’avoue avoir été dépassée par la situation inédite, comme presque tout le monde.

Même si je faisais déjà le télétravail une fois par semaine avant, je faisais tout pour que les réunions importantes se passent à mon bureau pendant mes jours de présence physique.

Je partage avec vous mon expérience et comment je m’en suis sortie pendant les confinements.

Les outils pour suivre à distance

Pour suivre les échanges professionnels à distance, ces outils sont à ma disposition dans mon entreprise :

  • l’email
  • la messagerie instantanée (avec ou sans vidéo)
  • le partage de document (un outil qui permet de montrer notre écran ou un document à quelqu’un à distance) avec un numéro de téléphone sur lequel on peut échanger.
  • un outil de visioconférence
  • la prestation de retranscription écrite (pour moi)

Comment je communique ?

Déjà, le mail, c’est la com de base… on sait que ce n’est pas toujours suffisant pour travailler.

Quand on est 2 :

  • messagerie instantanée
  • outil de visio (quand la vidéo n’est pas hachée !)… quand je ne comprends pas la personne, je l’invite à s’exprimer par écrit dans le tchat de la visio.

Quand on est plus de 2, j’ai testé différents types de réunions :

>> avec la messagerie instantanée, des réunions silencieuses avec plusieurs personnes, oui ! cela s’est bien passé, comme quoi, on peut se passer de la voix pour décider.
Si vous voulez une réunion écrite à plusieurs, proposez-le aux participants à l’avance pour ne pas les prendre au dépourvu.

>> réunion téléphonique avec plusieurs personnes (partage d’un fichier, visioconférence…) : je suis OBLIGÉE de réserver la prestation de retranscription écrite pour suivre les échanges, et j’utilise ma voix.
Je peux utiliser le tchat pour écrire une question, une remarque…

Alors, sur mes 2 écrans d’ordinateur, plusieurs fenêtres sont affichées :

  • partage d’un document ou / et de visio,
  • retranscription écrite,
  • messagerie instantanée.

Généralement, je mets toutes les fenêtres sur mon plus grand écran. Ainsi, j’ai une vue globale devant moi.

Vous imaginez bien que cela me demande plus de concentration pour gérer toutes ces fenêtres qu’à une personne lambda.

Pratiquer & apprendre

J’ai aussi appris à m’exprimer à distance. J’étais désemparée quant à nos codes de communication orale auxquels je n’étais pas du tout habituée.

En pratiquant, j’apprends à m’exprimer, à faire la transition en passant à un autre sujet (je n’y arrive pas toujours, assez difficile), à savoir quand intervenir dans une discussion (je coupe encore la parole !)

Mon équipe a aussi appris à s’adapter vis-à-vis de moi : ne pas me couper la parole non plus, attendre que je finisse de parler, ne pas parler trop vite, attendre quelques secondes de plus que je lise la retranscription écrite avec quelques secondes de décalage, que je réponde ensuite…

J’ai même demandé à mes amies sourdes comment elles se débrouillent en télétravail, leurs équipements pour participer à une réunion. Cela m’a beaucoup aidée à prendre du recul, à trouver ce qui me va le mieux.

Aujourd’hui, même après le 2ème confinement, je n’ai pas fini d’apprendre… et les collègues entendants non plus ! il y en a qui sont mal à l’aise avec certains outils.
On pratique ensemble, on découvre des outils, des fonctionnalités qui nous conviennent ou non… pour arriver à une situation idéale pour communiquer tous ensemble.

S’adapter

On pense qu’on a de la chance car on a tous ces outils à notre dispo mais, en réalité, c’est plus compliqué que ça.

Par exemple, quand je reçois une invitation pendant laquelle je risque d’intervenir, je demande généralement à l’organisateur de la réunion, l’utilisation d’un outil de visio pour que je puisse parler de vive voix.
Parfois, pour problème de connexion, l’organisateur préfère ne pas prendre un outil de visio si mon intervention dure 5 min pour un call d’1 heure. La personne parle à ma place (après avoir pris connaissance de mes infos) et je peux m’exprimer par le tchat.

En effet, je n’utilise pas mon téléphone pour appeler à un numéro de tél. Je peux… mais, aujourd’hui, je n’en ai pas envie.

Pour la petite anecdote : un jour, sur un pont téléphonique, j’ai appelé avec mon téléphone et la personne qui retranscrit, était aussi là.
Mais :
regarder les différentes fenêtres dont j’ai parlé
+ animer la réunion moi-même
+ faire attention à ma voix
+ articuler
+ ne pas trop éloigner mon tél de ma bouche…

Une grosse charge mentale ! cela m’a bien épuisée ! avec les acouphènes pour compagnie…

Ça va dans les deux sens

Je me suis débrouillée comme j’ai pu, pour mes projets. Pas seulement grâce à ces outils formidables ou à la retranscription écrite (qui, j’avoue, est indispensable pour mes 80% de réunions hebdomadaires ! les 20% passent par les mails ou la messagerie instantanée).

J’ai appris avec mes collègues et managers, à utiliser les différents outils, à trouver ceux qui nous conviennent le mieux, à m’exprimer davantage sur mon ressenti, mes besoins spécifiques (j’avoue que ce n’est pas fini).

C’est aussi grâce à eux qui s’adaptent en retour à ma situation, qui comprennent ma situation spéciale.

Ça va simplement dans les deux sens.

Mes enfants masqués

copyright – Tchipie (au lieu des enfants masqués ou d’un sapin de Noël, je mets ce beau dessin!)

Aujourd’hui, depuis un mois, le masque est obligatoire pour les plus de 6 ans… Cela me navre, sachant mon attitude face aux adultes masqués. 

Le matin ou le soir, sur le chemin de l’école, P’tit Loup et Tchipie, mes enfants, me parlent parfois avec leur masque, je le leur signale, ils le baissent ou enlèvent pour me répéter ce que je n’ai pas pu comprendre. Ils le font avec fierté ! C’est mignon… malgré tout. 

Quand je les récupère à la sortie d’école, les enfants gardent encore leur masque sur le visage. Je leur propose de l’enlever. Ils l’enlèvent. La petite préfère souvent le garder sur son visage à cause du froid hivernal !

Mais mes enfants sont tellement choux avec leur masque en tissu imprimé ! 

En dehors de l’école, il arrive parfois que mon fils mette un masque sur son visage car il a 10 ans. Alors, quand il est avec moi, je lui dis (je suis égoïste, oui) : ‘Ne mets pas le masque, tu n’as pas encore 11 ans.’ 

Encore quelques deux mois et ce sera son tour de défigurer son canal visuel qu’est son beau visage d’enfant pré-adolescent… Alors, je profite de ces derniers moments de liberté, de communication spontanée, de leur visage découvert.

Mon quotidien masqué

pas de masque, un arc-en-ciel pour lueur d’espoir @mamannentendpas

Les masques partout. Je vois des visages masqués autour de moi dans la rue, dans les magasins, au travail, dans les transports urbains.
Le canal visuel est coupé entre moi et les autres, c’est-à-dire avec mon entourage proche, les commerçants, les collègues, les inconnus… 

De temps en temps, depuis quelques mois, on me dit ou bien je reçois des messages : J’ai entendu parler du problème des masques pour les sourds à la radio / tv et je pense à toi !
Cela me touche sincèrement. Parfois, ce type de message : Ça doit être dur, je suis désolé(e) pour toi. 

C’est simple, je ne comprends pas quand les autres me parlent avec leur masque qui cache leurs lèvres. Je ne vois plus entièrement leur visage qui, aujourd’hui, plus que jamais, est devenue une zone vitale pour comprendre ce qu’ils essaient de me dire.

Même ceux qui me connaissent me parlent avec, sans le faire exprès : ‘Merde, j’ai oublié que je le portais !‘ et on rigole ensemble !

On dit que la phrase : ‘tu as pris ton masque ?‘ est la plus souvent prononcée, alors que pour moi, c’est plutôt : ‘peux-tu / pouvez-vous enlever le masque ?

Et aussi, l’autre phrase la plus souvent prononcée dans ma vie, enfin davantage depuis que l’on porte les masques… A un mot près : ‘Je suis sourde, je lis sur vos lèvres pour comprendre. Pouvez-vous enlever le masque ?

(Vous voyez, je suis tout le temps polie !)

Je le disais beaucoup plus rarement avant tout ça. Avant l’arrivée du virus, avant le port du masque obligatoire. Aujourd’hui, je dévoile davantage ma surdité qui est invisible en temps normal.

Pourquoi je ne regarde plus la personne avec le masque?

Depuis que l’obligation du port de masque s’est généralisée partout, cela m’ennuie mais je n’y peux rien, je dois faire avec. Je suis évidemment pour freiner la pandémie du covid-19 par tous les moyens possibles mais le problème de communication va s’amplifier, multiplier nos malentendus, impacter davantage notre vie sociale.

Nous savons que cela risque de durer encore plusieurs mois, voire une année. Ne l’oublions pas.

Aujourd’hui, je ne regarde plus les personnes qui me parlent avec le masque, même si elles font partie de mon entourage proche, j’espère qu’elles ne m’en voudront pas !  

En réalité, cela me prend encore plus d’énergie que dans mon quotidien sans masque… De manière automatique, je regarde la personne qui me parle, mais je ne la comprends plus à cause du tissu qui cache sa bouche. Je regarde ses yeux, je scrute son comportement non verbal. Inconsciemment, je cherche encore à comprendre, à deviner ce qu’on essaie de me dire.

Je ne supporte plus non plus de voir les gens parler avec le tissu qui gonfle et dégonfle sous le souffle ondulant de leur voix.

J’ai envie d’être tranquille. Je n’ai plus envie de marcher à côté de quelqu’un masqué. Je cherche des visages 100% découverts, lisibles. J’ai aussi envie d’être seule ou alors avec mes enfants qui ont moins de 11 ans. 

J’ai appris à relativiser mais ce n’est pas fini.

Déjà, avant, je m’adaptais difficilement à la société, aujourd’hui encore plus. C’est triste à dire mais je me suis habituée à m’adapter vite quelle que soit la circonstance.

Aujourd’hui, j’arrive à rester sereine face à cette situation inédite grâce à de nombreuses personnes compréhensives autour de moi. J’ai appris à relativiser dans ce contexte, depuis mars dernier.

Je sais que d’autres personnes peuvent vivre des situations plus difficiles que moi, je sais que si quelqu’un me résiste avec son masque face à moi, c’est parce qu’il a ses propres raisons.
Je dois encore apprendre à m’exprimer quand je suis très mal à l’aise face à une personne dont je ne vois plus le visage entièrement car, justement, ce n’est pas normal. Et on apprend ensemble à s’adapter, dans les deux sens.

Parfois, je vis des aventures incroyables avec des vitres en plexiglas, des visières, des masques transparents… des aventures qui mettent quand même du baume sur le cœur car on en rit souvent avec ces personnes !
Je raconterai cela dans un autre billet.

Et oui, on arrive à transformer ces situations sinistres pour les sourds, en des situations les moins gênantes possibles, des aventures rocambolesques ! Et nous en avons tous besoin pour notre moral.

Encore un long billet mais j’avais tellement envie de m’exprimer sur ce sujet. Merci de me lire encore et encore 🙂

Une journée type en confinement

la #CoronaMaison de P’tit Loup ! © mamannentendpas.fr

Depuis le confinement, les journées qui passent se ressemblent toutes, ou presque !

Le matin…

En semaine, je me lève à 7h30, je gagne quand même une heure de sommeil par rapport à avant le confinement. Mes enfants n’ont pas d’heure de lever puisqu’ils n’ont pas école… Je prends mon petit déjeuner plus longuement que d’habitude comme si j’étais en week-end tous les jours : actualités, réseaux sociaux, mails.

Ensuite, si je bosse, j’attaque la journée de travail. Les horaires ne changent pas pour autant pour moi qui suis matinale. J’aime bien profiter du calme matinal (oui, à côté, avec les enfants qui regardent des dessins animés) et attaquer les projets en forme.

Je travaille généralement dans notre principale pièce à vivre (mon mari aussi mais il a son propre bureau, le veinard !). J’ai récupéré un 2ème écran d’ordinateur. Pour vous donner un aperçu… quand je suis assise à une table, j’ai devant moi :

  • mon ordinateur portable professionnel
  • et derrière, le 2ème écran qui trône sur une pile de grands livres brochés afin d’obtenir le bon niveau de l’écran par rapport à mes yeux…

Question d’ergonomie ! comme j’avais mal au dos dès le début du confinement, j’ai réussi à ajuster les défauts de l’ergonomie chez moi et depuis, ça va !

Et mes enfants jouent dans la même pièce que moi, ou dans leur chambre… Quand ils les ont reçus, ils font leurs devoirs, surtout P’tit Loup qui aime bien en faire le matin. Tchipie, un peu plus difficile, nous l’accompagnons quand nous le pouvons. Sinon nous rattraperons ce qu’il reste à faire pendant nos week-ends ou nos jours de congé (ou même fériés !).

Alors, je reviens à mon quotidien professionnel… Quand j’ai une visioconférence avec webcam et son, alors je monte tout mon équipement (ordi portable + 2ème écran) dans la chambre de mon fils qui a un bureau. Et j’y reste le temps de la réunion. Je ferme la porte, je peux parler, intervenir en réunion. Après, je redescends le tout dans la pièce à vivre.
Eh oui, ce n’est pas pratique mais je n’ai pas le choix, je ne peux pas squatter la chambre des enfants tout le temps du confinement !

Le midi…

Enfin, je prends ma pause déjeuner à partir de midi, je fais tout pour ne pas avoir de réunion qui dépasse cette heure (il arrive qu’on ait des réunions d’équipe qui courent jusqu’à 12h30…).

Je tiens à privilégier le temps de déjeuner pour me déconnecter et profiter d’un bon repas avec mon mari & mes enfants. Nous déjeunons souvent dans la cuisine – quand l’air extérieur est un peu trop frais, parfois sur notre terrasse. Nous avons la chance d’avoir un extérieur pendant cette période particulière.

Après déjeuner, nous nous reposons. Je me vide l’esprit et j’essaie d’éviter les écrans pendant ce court moment, je lis, je brode, je colorie, je jardine, ça varie selon mon humeur.

la #CoronaMaison de Tchipie ! © mamannentendpas.fr

L’après-midi…

Puis, pour le jour de travail… je reprends le télétravail en début d’après-midi. Les enfants jouent sur tablette ou aux jeux vidéo; c’est le moment idéal pour travailler à fond car ils ne nous embêtent pas !

Avant le confinement, j’avais déjà 1 journée de télétravail par semaine, et pendant les grèves de décembre, je passais à 2 ou 3 jours de télétravail par semaine, cela ne me dérangeait pas mais je faisais tout pour caler des réunions importantes pendant les jours de présence sur mon lieu de travail. Pour échanger plus facilement sur des sujets compliqués, garder un contact humain…

Là…. Non, je ne peux plus. En plus des enfants à occuper !
Alors, pour les réunions que je dois animer, comment faire à distance ? Et les réunions pendant lesquelles je peux intervenir, comment faire entendre ma voix (au sens propre comme au sens figuré !), comment exprimer mon opinion ? Une nouvelle montée en compétence !

Mais de plus en plus, je suis frustrée malgré la bienveillance de mes collègues. Au bout d’un mois de confinement, je saturais vraiment avec ces réunions à distance qui n’ont pas diminué en nombre, bien au contraire ! Je ne supporte plus de mettre autant d’énergie quand je me rends compte que je suis encore plus spectatrice à une réunion qu’avant. J’en parlerai dans un autre billet.

Là, on est déjà dans le 2ème mois de confinement, ça va mieux pour ce type de réunion, j’ai appris à trier ce qui me convient et ce qui ne me va pas, à refuser une méthode de travail, à m’exprimer davantage à mes collègues. Mais il arrive que je vacille encore parfois, je l’avoue. Je ne suis pas une super héroïne.

Souvent, en milieu d’après-midi, on sort. Avec les enfants, en famille ou bien seul.e pour des courses alimentaires. ça nous fait une coupure routinière. ça fait du bien de sortir de la maison, de marcher plus longuement, de faire de la trottinette ou du vélo pour faire défouler les enfants…

Je remarque aussi que beaucoup de passants ne portent pas de masque (nous non plus!) contrairement aux commerçants et vendeurs. A la caisse d’un magasin, soit je leur dis que je suis sourde, que je ne peux pas comprendre car je ne vois pas leur bouche, soit ils devinent à ma voix que je suis sourde.
Certains baissent spontanément le masque, d’autres non.
S’ils ne baissent pas leur masque, ils arrivent à se faire comprendre en mimant, en écrivant sur un bout de papier, en me montrant l’écran de la caisse (pour le montant à payer)… et j’ai découvert par cette occasion qu’une boulangère sait dire merci en langue des signes !

Il arrive que, quand on se connait un peu, on me demande en gardant le masque : ‘ça va ?’… On me prend pour une malentendante… Malgré cela, je comprends la petite question très simple et habituelle, j’entends un peu, je devine aussi grâce aux expressions de son visage que j’ai appris à connaître avant le confinement, et je réponds naturellement. Je suis agréablement surprise par ces détails qu’on ne remarquerait sans doute pas en temps normal…

Ma #CoronaMaison – © mamannentendpas.fr

Le soir…

Le soir, je ferme mon ordinateur généralement entre 17h et 18h. Je mets un point d’honneur à ne plus dépasser les 18h du soir. Le premier mois du confinement, on perdait la notion de temps, on avait carrément l’impression de bosser plus qu’avant. Là, je ne me laisse plus avoir depuis deux ou trois semaines déjà.

Pour les soirées (qui sont agréablement plus longues à profiter sans les transports urbains), mes habitudes sans les sorties… les jeux de famille, les couchers des enfants, les séries, les films en famille, en solo ou en couple…

Quelques fois, j’ai besoin de me déconnecter des écrans, et je plonge dans ma lecture. Au début du confinement, j’avais beaucoup de mal à lire chez moi, j’en avais l’habitude pendant les 2h de trajet quotidien… puis, petit à petit, j’y reprends goût… J’ai aussi décidé de ne lire que les livres brochés qui se trouvent dans ma bibliothèque 🙂 Puisque je ne prends pas les transports, j’en profite !

Le week-end…

Pour les week-end, les jours de congé… nous gardons nos bonnes habitudes de week-end, toujours sans les longues sorties, expos, ciné, shopping, voyages… que je rêve de retrouver un jour quand ça ira mieux en France.

Nous profitons sûrement un peu plus des moments avec nos enfants. Bien sûr, ce n’est pas bien rangé avec leurs jeux et jouets qui sont de nouveau éparpillés un peu partout chez nous…

J’aime revoir des films d’animation en famille, avec sous-titrage.. par exemple, je voudrais bien regarder La petite sirène ou Blanche-Neige avec le sous-titrage, je ne les ai jamais vus sous-titrés… je redécouvre avec mon fils, les films des années 80 ou 90 que je regardais enfant sans le sous-titrage…

Et de mon côté, avec le risque de la prolongation du télétravail jusqu’à cet été, je m’active de nouveau : après 3 mois de pause, le matin, je reprends la course à pied sur route dans le périmètre imposé.

Et pour vous, quelle est votre journée type depuis le début du confinement ? 🙂 
Restez chez vous et prenez bien soin de vous !

Confinement, oui et alors?

Au petit matin @mamannentendpas.fr

Ne vous inquiétez pas, je voulais un titre un peu provocateur.

J’avais préparé deux articles pour mon blog mais je n’ai pas envie de les sortir pour l’instant. Pourquoi ? je ne sais pas. Un sentiment mitigé, peut-être.

Je voulais partager avec vous un billet sur les 10 ans de maternité. Oui ! mon fils a maintenant 10 ans ! Et je voulais aussi parler du télétravail à distance ; pour moi, comment cela se passe avec toutes ces réunions téléphoniques ? (je ne vous raconte pas tout de suite)

J’ai laissé tomber. Ce soir, j’ai eu envie d’écrire autre chose, je ne sais pas quoi. Pour une fois, je laisse mon intuition me guider pour ce billet… Je pars d’une page blanche pour arriver à…

Vous allez penser que je déprime, mais non. Le confinement peut être déprimant à la longue, oui, mais dans mon cas, je ne le ressens pas personnellement. Peut-être parce que j’ai une maison et un jardin. Parce que je gagne 1h30 de sommeil (ça va être dur à la fin du confinement). Parce que… etc.

Oui, bien sur, on nous conseille de faire attention à la notion de temps qu’on perd avec le télétravail quotidien.
Nous avons l’impression de travailler davantage (j’en étais physiquement et mentalement épuisée au bout de 10 jours et ça va mieux maintenant).
Nous essayons de ne pas oublier nos enfants qui sont à côté de nous tous les jours (je fais des mini-pause dans la journée).

Oui, nous avons de nouvelles habitudes… entre autres comme le suivi des travaux de nos enfants (Tchipie en grande section et P’tit Loup en CM1). Oui, parfois, ils s’ennuient à mort (je répète ce que m’a dit mon grand). Alors, dans ces moments-là, ils nous provoquent de temps en temps.

C’est marrant, j’ai vu quelque part que l’on lit moins qu’avant le confinement… Je lis effectivement beaucoup moins qu’avant (normal, je lisais dans les transports). Et alors, est-ce qu’on écrit moins qu’avant ? je me pose la question !

J’essaie aussi de réaliser des choses ‘que je n’avais jamais le temps de faire‘, je les fais petit à petit car je sais que le confinement peut être long à vivre.
J’essaie de ne plus lire trop de choses négatives (je regarde quand même le JT de 20h pour être au courant). Je rigole à des blagues et vidéos marrantes en rapport avec la situation actuelle, et j’essaie de les relayer (toi aussi, n’est-ce pas?)… Faire des activités avec nos enfants (qu’on voit sur internet), pourquoi pas ? alors que les nôtres ont plein de jouets dans leur chambre et que nous pouvons avoir de l’imagination sans regarder ces astuces-là.

Déjà, avant le confinement, on profitait des petits plaisirs de la vie, aujourd’hui, cela n’a pas trop changé, sauf le travail, l’école, les sorties évidemment… mais en même temps, je pense qu’on en profite un peu plus, conscients de notre chance.
Nous nous donnons des nouvelles avec nos proches, comment se passe ton confinement? tu ne t’ennuies pas trop? les enfants, ça va? Déjà avant, on se donnait des nouvelles, oui quand même.

Là, cela prend encore de l’ampleur mais, comme on sait que le bout du tunnel arrivera un jour, très vite j’espère quand même, il y a toujours de l’espoir… grâce aux solidarités qui se multiplient, aux actions qui chaque jour, fleurissent pour nous faciliter la vie et surtout, pour nous sauver la vie.

Et les grèves dans tout cela ?

je n’ai pas trouvé une meilleure illustration pour ce billet, j’adore ce bandeau !
copyright Sonia Delaunay

Nous habitons en proche banlieue dans la région parisienne. En temps normal, mon trajet de travail dure moins d’une heure. Avec les grèves qui durent depuis début décembre, soit j’arrive à faire le même trajet (ou à peu près avec 10min de plus), soit je modifie mon trajet et cela peut durer jusqu’à 1h30 voire 2h (heureusement pas souvent… mais pas de chance quand ça m’arrive !).

Au début, je décalais mes journées de travail, et j’alternais avec le télétravail à la maison. J’arrivais une heure plus tôt le matin et je repartais en milieu d’après-midi, puis le reste de l’après-midi, je travaillais chez moi. Ce décalage casse le rythme habituel et cela me fatigue davantage. Mais ça fait du bien de récupérer les enfants le soir si on ne les a pas vus le matin !

Cela a donc un impact énorme sur ma concentration (voir ce billet). Quand je fais 3 journées décalées de suite, à la fin, je suis encore plus fatiguée. Mes collègues le savaient, je les prévenais de ma fatigue et je prévoyais davantage de pauses dans la journée.

J’ai aussi droit au télétravail : cela me repose, je peux m’occuper des enfants le matin, je communique avec mes collègues par mail et par messagerie instantanée. C’est top pour un salarié sourd, n’est-ce pas ?

Cependant, pour mon travail, parfois, j’ai besoin de voir des collègues. Mieux que la messagerie instantanée ou les mails. En effet, certains sujets sont assez complexes et ce n’est pas toujours évident d’expliquer à distance.
Alors je me déplace quand j’ai des réunions physiques dont j’ai besoin pour avancer dans mes projets.

Quand on a une réunion et que j’ai réussi à venir sur mon lieu de travail, il arrive qu’une personne ou deux soient absentes à la dernière minute. Je suis embêtée comme presque tout le monde !

Une fois, j’ai réservé la prestation de retranscription écrite à distance pour un point avec 2 collègues, parce que le sujet de la réunion est assez technique et que je ne voulais pas perdre des infos ‘inutilement’.
Le jour J, l’un des deux ne pouvait se déplacer et on a pu maintenir la réunion.

C’est devenu une réunion téléphonique comme les aiment tellement les entendants 😉

Aujourd’hui, cela va un peu mieux, je peux prendre le trajet aux heures habituelles. Je ne décale plus mes journées de travail ; les collègues sont un peu plus souvent présents sur mon lieu de travail. Tant mieux !

Et vous, comment avez-vous vécu cette période compliquée au travail ?

Communication avec mes enfants de 9,5 ans et 5 ans

Mon dernier billet sur ce thème remonte à assez loin, en octobre 2017… je n’avais pas vu le temps passer. J’ai dû parler de l’évolution de notre communication avec mes enfants, parsemée dans plusieurs billets en deux ans.

Pour le premier billet de l’année 2020, je propose ce sujet qui m’apporte beaucoup sur notre relation mère-enfant !

L’aîné de presque 10 ans

Ah P’tit Loup… Il va très bientôt passer à sa première décennie… je devrai peut-être faire évoluer son surnom, n’est-ce pas ?

Alors, il me parle encore sans voix (pas tout le temps mais le plus souvent, oui).

J’avoue que je ne supporte pas trop cela car il me parle sans reprendre le souffle. Donc, forcément sans sa voix, il peut articuler aussi longtemps qu’il peut, pendant des minutes, sans faire de pause : ça devient ma hantise !

Je l’oblige parfois à me parler avec sa voix. Particulièrement quand il veut me raconter une anecdote ou je-ne-sais-quoi qui me demande quand même plusieurs minutes de concentration !

(C’est ainsi que je me suis aperçue que si l’on arrive à lire sur les lèvres pendant 10 minutes, c’est parce que mon interlocuteur reprend de temps en temps son souffle. C’était tellement inconscient chez moi que je remercie P’tit Loup pour cette découverte !)

Et souvenez-vous de la dactylologie que je lui ai apprise l’an dernier ?

Entre-temps, il a oublié certaines lettres (surtout les plus compliquées en terme de configuration). Quand il essaie d’épeler un mot, je lui demande d’utiliser la vraie dactylologie pour qu’il la pratique un peu plus souvent.

Il est le seul membre de ma famille à connaître la dactylologie, et j’ose espérer que ma fille suivra aussi ce chemin-là !

La cadette de 5 ans

Tchipie est encore très attentive à moi comme si elle se sentait un peu responsable de moi.

Et elle est débordante d’imagination. Si je demande à mon mari comment est le bruit qu’il vient d’entendre, il ne sait pas forcément me répondre. Si je demande la même chose à ma fille, elle est tout à fait capable de traduire ce bruit en imitation soit visuelle soit orale (et mon fils aussi, bien sûr).

Contrairement à mon fils, elle me parle plus souvent avec la voix que sans voix, il me semble. Je m’en rends compte avec les réactions de mon mari et mon fils qui l’entendent me parler, mais je peux me tromper.

Elle s’intéresse aussi aux signes des petits livres que j’avais achetés pour P’tit Loup !

Tchipie a eu moins d’explications sur ma surdité, puisqu’elle imite son grand frère. Sur ce point, j’ai essayé d’être vigilante avec elle. Je ne voulais pas qu’elle se comporte par jeu d’imitation mais qu’elle en soit bien consciente, de l’impact de ses attitudes, etc…

Dans tous les cas, elle est aujourd’hui en grande section de l’école maternelle. Elle dit à certains enfants de son âge que je suis sourde et que l’on doit me parler doucement.

Mes petits entendants

Bien sûr qu’ils se lassent parfois quand je dis que je ne les comprends pas. L’aîné s’énerve parfois franchement (un pré-ado ?) alors que la petite fait un petit soupir. La première fois qu’elle l’a fait, c’était il y a deux ou 3 mois.

Est-ce qu’ils répètent ? oui et non. Cela dépend particulièrement de leur humeur, de leur forme. Je fais maintenant attention à choisir le bon moment pour leur demander de me répéter mais c’est parfois raté !

Et vous, comment cela se passe avec vos enfants? 🙂

Comment montrer sa fragilité sans casser son image professionnelle ?

Ce billet est exceptionnellement très long car c’est quelque chose qui me tient à coeur.
Pour commencer et avant de lire la suite, je voudrais partager avec vous, cet article très intéressant qui m’a donné l’idée de ce billet : « la fragilité n’empêche pas la performance »

Une anecdote

J’ai plein d’anecdotes dans ma poche mais j’ai choisi celle-ci…

J’ai osé dire à un collègue que je n’ai rien compris à sa discussion avec un autre (qui me connait un peu plus). On était 3 dans une petite salle (mal aménagée, ce qui n’a pas arrangé les choses) et ils discutaient devant moi comme si je n’étais pas là. Puis on me demande mon avis. J’ai été obligée d’être aussi directe avec le premier :

Je n’ai rien compris.

Soudain… un temps mort, un gros blanc, ou une mouche qui passe, comme vous voulez…

Puis il s’est repris, j’ai essayé de lui donner des pistes comment m’expliquer, qu’il peut écrire pour que je le comprenne… il a essayé de m’expliquer, il a écrit sur son cahier de notes. Il a fait des efforts et moi aussi pour le mettre à l’aise.

Après la réunion, je lui ai envoyé un mail privé en expliquant que cela m’arrive d’être ainsi avec tout le monde quand je ne comprends pas, quand je n’ai pas compris un mot ou une phrase entière en lisant sur les lèvres. C’est normal comme attitude. C’est moi, quoi ! Puis il a reconnu avoir des difficultés.

Et quelle bonne surprise quand je le revois 2 mois après, pour un autre projet… il fait attention à moi !
Aujourd’hui, il est à l’aise avec moi, il a du en discuter avec quelqu’un et / ou réfléchi à tout ça. Je me suis dit après ça, que j’ai bien fait de lui parler par mail, pour dissiper ce malaise.

Une certaine maturité

Même si je sais que c’est normal pour moi qui suis sourde, je dois m’assurer de comprendre ce qu’on dit autour de moi car cela a un impact sur mon travail, mes projets, mes objectifs… que je dois pouvoir travailler dans de bonnes conditions.

J’assume ma surdité dans ma vie privée, au travail aussi… mais le fait de dire des choses à des collègues, comme tu parles trop vite, de couper la parole en plein milieu d’une discussion, d’oser gêner mes collègues…
Risquer un regard compatissant, un soupir…
Deviner leur embarras encore plus grand…
C’est justement ce moment précis qui peut nous mettre tous dans cet embarras, un moment suspendu, un gros blanc gênant…

Si, dans leur attitude face à moi, la collègue sourde, leur gêne se voit, j’arrive à garder mon calme et à rassurer ces personnes.
C’est à moi de leur montrer comment on peut fonctionner ensemble… J’adapte mon discours en fonction des situations de travail, de la personnalité des gens.
Je souris beaucoup, ça fait partie de ma personnalité et c’est plus facile pour moi de rassurer ainsi.
Parfois, je fais de l’humour pour améliorer l’ambiance, casser cette gêne-là. Et ça passe mieux grâce à l’attitude positive !

Je dois leur montrer que je m’adapte à eux, et eux savent qu’ils doivent faire l’effort avec et pour moi. Ça ne peut marcher que dans les deux sens mais cela dépend surtout de l’ouverture d’esprit de ces personnes.

Parfois, plus tard, si quelque chose ne s’est pas bien passée, je leur envoie un mail privé comme je vous l’ai raconté plus haut, ou bien ces personnes me contactent pour s’expliquer ou me demander des explications.

Avec tous ces moments de gêne – ô combien j’en ai eus depuis le début de mon intégration, j’ai acquis cette maturité. J’arrive souvent à agir dans ce genre de situation.

Mais pas toujours à l’aise…

Alors, plus haut, j’ai dit : souvent. Le reste du temps, je suis mal à l’aise.
Quand pour une formation ou conférence, les vélotypistes doivent s’installer dans un coin pas toujours confortable,
Ou bien que le téléphone de la salle de réunion est en panne alors que la prestation de retranscription écrite à distance est réservée,
C’est gênant pour moi…

Autour de moi, cela peut renvoyer une image pas forcément positive. Dans ma tête, les collègues voient ça comme une contrainte ou une charge, peu importe, et je n’arrive pas toujours à passer outre ce sentiment-là.
Je dois prendre sur moi.

Je dois garder à l’esprit qu’on est obligé de passer par là, que ça ira mieux par la suite, que même si on m’a trouvée ‘gênante’ à ce moment-là, j’aurai affirmé ma position de salariée sourde face aux innombrables collègues entendants.
Et que, eux, ils connaissent enfin mes besoins réels.

Il m’arrive parfois de ne pas agir pendant toute une réunion au risque de perdre des informations capitales pour mon travail… parce que c’est fatiguant de penser tout le temps à cela.
ça dépend de mon humeur, de ma forme (je comprends moins bien quand je suis fatiguée ou malade), ça dépend aussi de la personne qui parle – par exemple si la personne est pressée ou s’il s’agit d’un directeur…

Difficile aussi de relancer des personnes avec qui on n’a pas d’affinité et qui oublient vite les réflexes avec moi.

Certes, c’est aussi beaucoup plus simple quand on est en petit comité, je me permets de leur dire quand ça ne va pas. Quand on est plus nombreux, c’est plus compliqué.
Comme si je devais les respecter au vu de leur nombre, non ?

Eh bien, non ! je sais au fond de moi que c’est faux, que j’ai raison sur le fait que je doive leur dire ce qui ne me convient pas. Je n’y arrive pas toujours car ce n’est pas forcément moi qui les anime, j’y travaille encore !

Mon image professionnelle vs ma fragilité ?

Alors que se passe-t-il si je ne m’exprime pas du tout ? ça risque de dégrader davantage mon image professionnelle, non ? en même temps, on a besoin de le dire quand cela ne va pas, sourd ou entendant sinon on court au burn-out, au mal-être…

Un jour, une ergonome handicap m’a dit : ‘Pourquoi ne t’exprimes-tu pas sur tes besoins ? C’est naturel.

Est-ce vraiment bien vu de montrer sa fragilité ? de montrer qu’on ne peut pas être tout le temps fort ? de ne pas être souvent au niveau d’intégration que l’on exige de moi ? de ne pas être aux normes de performance ? de montrer ses limites ? les contraintes de la surdité en terme de communication ?

  • On nous a appris à nous intégrer à la société, à nous taire même quand ça ne va pas.
  • On nous dit que l’on fait des efforts pour nous, qu’ils ont fait ça ou ci pour nous…
  • Que nous profitons de notre surdité pour ne rien faire…
  • Que nous ne les remercions pas assez…

Les gens sont peut-être maladroits mais cela a suffi pour nous conditionner à nous taire sur nos sentiments pour ne plus subir ce genre d’injustice qui est frustrant.
Nous ne sentions pas forcément écoutés, reconnus comme tels.

Nous avons l’impression de répéter souvent la même chose et qu’en retour, on ne voit pas grand chose qui nous facilite la vie. Donc on arrête tout simplement. Et on subit… Mais quand on ne veut plus subir au bout de XX années d’intégration, on devra assumer les conséquences dont nous n’avons plus l’habitude !

N’hésitez pas à commenter, ça me fera plaisir de voir que je ne suis pas la seule à me battre au travail 🙂

Ma chère concentration

« C’est comme faire un puzzle, un Sudoku et un Scrabble en même temps. » Ian Noon


Ma charge mentale, pas celle de la maman, mais mon autre charge mentale, invisible elle aussi, celle qui est impactée par ma surdité.

Mon alliée de toujours…

Ma chère concentration qui me poursuit depuis mon enfance, qui m’a souvent bien fatiguée lors de ma scolarité et de mes études. Ma concentration que je retrouve tous les jours que ce soit sur le plan privé, professionnel ou social.

Ma chère concentration qui m’a découvrir les acouphènes dès l’âge de 21 ans et qui me les impose – encore aujourd’hui – quand je me suis trop concentrée sur les lèvres des autres.

Ma chère concentration que je dois comprendre, analyser… pour pouvoir l’adopter dans mon quotidien.

Ma chère concentration qui m’oblige à faire des pauses, à m’isoler quand j’en ressens le besoin.
Le besoin d’être au calme, de ne dépendre de personne, de me promener seule, de lire ce que je veux, de prendre soin de moi le plus souvent possible.

Je ne pourrais certainement pas tenir le rythme actuel sans ces pauses-là, sans la compréhension de mon entourage.

Les impacts sur moi

Ma chère concentration qui fait dire aux autres mes défauts / comportements inappropriés sans que je le veuille vraiment :

  • L. est chiante / fainéante / agressive.
  • Elle nous oblige à répéter / faire des efforts / articuler mais elle ne nous regarde pas tout le temps.
  • Elle est souvent fatiguée et pourtant, elle se couche tôt.
  • Elle est hautaine / distante, elle n’est pas sociable… etc.

Mais oui, je suis un peu de tout cela à la fois ! Je suis obligée d’assumer ces étiquettes sinon je ne pourrais plus dormir.

Longtemps, surtout quand j’étais petite, je ne pouvais me défendre et je trouvais cela injuste.
Je croyais aussi peut-être que c’était une partie de ma personnalité (forcément d’après les dires des autres !).

Ce qui m’a sauvée

Les gens me disent : Quand on te rencontre, on pense à tort que tu es comme ça, comme ci. Mais quand on apprend à te connaitre, cela n’a rien à voir.

Eh bien, merci…

Aussi ce détail. J’adore lire : cela m’a permis d’apprendre beaucoup sur moi, sur notre société… D’ailleurs, je vous avais parlé de ma bibliothérapie sur mon blog.

Plus on lit les témoignages des sourds ou de ceux qui les côtoient (entourages, spécialistes de la surdité…), plus on comprend que les sourds sont souvent affublés des mêmes étiquettes, que c’est la perception erronée des entendants qui nous jugent à partir de ces caractéristiques subtiles. Car ils ne connaissent pas les impacts de la surdité sur nos relations, nos attitudes…

Hélas, comme l’agressivité, la susceptibilité, la fatigue et l’isolement volontaire…
Et malheureusement parfois, cette perception nous façonne à tort, contre notre gré, le plus souvent inconsciemment.

Je partage avec vous, cet article expliquant très bien (en anglais) ce qu’est la fatigue de la concentration qui est spécifique chez les sourds, et comment cela les affecte au quotidien.