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Et les grèves dans tout cela ?

je n’ai pas trouvé une meilleure illustration pour ce billet, j’adore ce bandeau !
copyright Sonia Delaunay

Nous habitons en proche banlieue dans la région parisienne. En temps normal, mon trajet de travail dure moins d’une heure. Avec les grèves qui durent depuis début décembre, soit j’arrive à faire le même trajet (ou à peu près avec 10min de plus), soit je modifie mon trajet et cela peut durer jusqu’à 1h30 voire 2h (heureusement pas souvent… mais pas de chance quand ça m’arrive !).

Au début, je décalais mes journées de travail, et j’alternais avec le télétravail à la maison. J’arrivais une heure plus tôt le matin et je repartais en milieu d’après-midi, puis le reste de l’après-midi, je travaillais chez moi. Ce décalage casse le rythme habituel et cela me fatigue davantage. Mais ça fait du bien de récupérer les enfants le soir si on ne les a pas vus le matin !

Cela a donc un impact énorme sur ma concentration (voir ce billet). Quand je fais 3 journées décalées de suite, à la fin, je suis encore plus fatiguée. Mes collègues le savaient, je les prévenais de ma fatigue et je prévoyais davantage de pauses dans la journée.

J’ai aussi droit au télétravail : cela me repose, je peux m’occuper des enfants le matin, je communique avec mes collègues par mail et par messagerie instantanée. C’est top pour un salarié sourd, n’est-ce pas ?

Cependant, pour mon travail, parfois, j’ai besoin de voir des collègues. Mieux que la messagerie instantanée ou les mails. En effet, certains sujets sont assez complexes et ce n’est pas toujours évident d’expliquer à distance.
Alors je me déplace quand j’ai des réunions physiques dont j’ai besoin pour avancer dans mes projets.

Quand on a une réunion et que j’ai réussi à venir sur mon lieu de travail, il arrive qu’une personne ou deux soient absentes à la dernière minute. Je suis embêtée comme presque tout le monde !

Une fois, j’ai réservé la prestation de retranscription écrite à distance pour un point avec 2 collègues, parce que le sujet de la réunion est assez technique et que je ne voulais pas perdre des infos ‘inutilement’.
Le jour J, l’un des deux ne pouvait se déplacer et on a pu maintenir la réunion.

C’est devenu une réunion téléphonique comme les aiment tellement les entendants 😉

Aujourd’hui, cela va un peu mieux, je peux prendre le trajet aux heures habituelles. Je ne décale plus mes journées de travail ; les collègues sont un peu plus souvent présents sur mon lieu de travail. Tant mieux !

Et vous, comment avez-vous vécu cette période compliquée au travail ?

Ma chère concentration

« C’est comme faire un puzzle, un Sudoku et un Scrabble en même temps. » Ian Noon


Ma charge mentale, pas celle de la maman, mais mon autre charge mentale, invisible elle aussi, celle qui est impactée par ma surdité.

Mon alliée de toujours…

Ma chère concentration qui me poursuit depuis mon enfance, qui m’a souvent bien fatiguée lors de ma scolarité et de mes études. Ma concentration que je retrouve tous les jours que ce soit sur le plan privé, professionnel ou social.

Ma chère concentration qui m’a découvrir les acouphènes dès l’âge de 21 ans et qui me les impose – encore aujourd’hui – quand je me suis trop concentrée sur les lèvres des autres.

Ma chère concentration que je dois comprendre, analyser… pour pouvoir l’adopter dans mon quotidien.

Ma chère concentration qui m’oblige à faire des pauses, à m’isoler quand j’en ressens le besoin.
Le besoin d’être au calme, de ne dépendre de personne, de me promener seule, de lire ce que je veux, de prendre soin de moi le plus souvent possible.

Je ne pourrais certainement pas tenir le rythme actuel sans ces pauses-là, sans la compréhension de mon entourage.

Les impacts sur moi

Ma chère concentration qui fait dire aux autres mes défauts / comportements inappropriés sans que je le veuille vraiment :

  • L. est chiante / fainéante / agressive.
  • Elle nous oblige à répéter / faire des efforts / articuler mais elle ne nous regarde pas tout le temps.
  • Elle est souvent fatiguée et pourtant, elle se couche tôt.
  • Elle est hautaine / distante, elle n’est pas sociable… etc.

Mais oui, je suis un peu de tout cela à la fois ! Je suis obligée d’assumer ces étiquettes sinon je ne pourrais plus dormir.

Longtemps, surtout quand j’étais petite, je ne pouvais me défendre et je trouvais cela injuste.
Je croyais aussi peut-être que c’était une partie de ma personnalité (forcément d’après les dires des autres !).

Ce qui m’a sauvée

Les gens me disent : Quand on te rencontre, on pense à tort que tu es comme ça, comme ci. Mais quand on apprend à te connaitre, cela n’a rien à voir.

Eh bien, merci…

Aussi ce détail. J’adore lire : cela m’a permis d’apprendre beaucoup sur moi, sur notre société… D’ailleurs, je vous avais parlé de ma bibliothérapie sur mon blog.

Plus on lit les témoignages des sourds ou de ceux qui les côtoient (entourages, spécialistes de la surdité…), plus on comprend que les sourds sont souvent affublés des mêmes étiquettes, que c’est la perception erronée des entendants qui nous jugent à partir de ces caractéristiques subtiles. Car ils ne connaissent pas les impacts de la surdité sur nos relations, nos attitudes…

Hélas, comme l’agressivité, la susceptibilité, la fatigue et l’isolement volontaire…
Et malheureusement parfois, cette perception nous façonne à tort, contre notre gré, le plus souvent inconsciemment.

Je partage avec vous, cet article expliquant très bien (en anglais) ce qu’est la fatigue de la concentration qui est spécifique chez les sourds, et comment cela les affecte au quotidien.