Virginie, pas seulement coach mais aussi maman !

Virginie, vous la connaissez un peu ou pas du tout.  On l’a découverte dans un magnifique documentaire diffusé l’été dernier sur Arte ; parfois, on la voit dans des vidéos sur les réseaux sociaux ou à la TV.
D’ailleurs, je la connais. On s’est rencontrées quand on était étudiante, grâce à l’Afideo (Association Française pour l’Information des sourds s’Exprimant Oralement). Et vous savez bien que le monde des sourds oralistes est petit, surtout à Paris !
Donc je suis heureuse de vous présenter Virginie Delalande, première avocate sourde en France. Aujourd’hui, elle a changé de métier en fondant Handicapower.

******** DEBUT de l’interview ***********

{ Présentation }

Peux-tu te présenter en quelques mots ? (pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore !)

Je suis Virginie Delalande, fondatrice du Handicapower. Je suis coach mais aussi conférencière. J’accompagne les personnes en situation de handicap à s’épanouir dans la vie et à prendre leur vraie place au sein de la société.

Peux-tu nous présenter rapidement ta famille ?

Je suis mariée à l’homme de ma vie et nous avons deux adolescents également sourds. 

En 2018, tu as fondé Handicapower. Comment en as-tu eu l’idée ? Parle-nous de ton entreprise, tes activités ? 

L’idée de Handicapower m’est venue pour de nombreuses raisons liées à mon vécu personnel et à toutes les rencontres que j’ai pu faire dans ma vie. Je n’ai pas toujours bien vécu mon handicap, je n’ai pas toujours été bien dans ma peau, j’ai cherché ma place, essayé de comprendre ce qui faisait la différence entre une personne X qui n’y arrivait pas (peu importe son handicap) et une personne Y qui était solaire, épanouie, reconnue pour ses compétences et son talent… J’ai trouvé des clés de réponse, que je partageais avec mes proches jusqu’au jour où j’ai réalisé que nous étions nombreux à se poser toutes ces questions. Et après avoir beaucoup travaillé sur moi, j’ai compris que l’impossible pouvait devenir possible ! Handicapower est là pour le démontrer et aider mes clients à accéder à leurs propres objectifs ou rêves !

Pour 2019, j’ai de nombreux projets… Il serait  long de tous les mentionner… En voici trois : la tournée de Never Give Up qui a commencé le 26 janvier à Paris. Je suis la marraine d’un joli projet : ‘Droit comme un H’. Et enfin, je suis invitée à un TedX, celui de Lille, ce qui est une grande fierté pour moi…
(lire plus de détails à la fin de l’interview)

Sachant que tes activités nécessitent beaucoup de déplacements, comment fais-tu pour concilier vie professionnelle et vie privée ?

J’ai la chance d’avoir épousé une vraie perle. Mon mari assure le quotidien en mon absence, et il le fait merveilleusement bien. Mon organisation n’est pas encore vraiment complètement rodée puisque je suis en début d’activité mais ce n’est qu’une question de mois…

{ En tant que maman… }

Qu’est-ce que le fait de devenir maman a changé ta vie de sourde ?

Devenir maman m’a permis de vraiment prendre conscience de tout le formidable travail accompli par mes parents en terme de prise en charge de la surdité. Cela m’a aussi appris à parler du handicap de manière claire et ludique, ce qui est important dans un environnement scolaire ou professionnel non sensibilisé.

Et surtout, avoir des enfants m’a aidé à mieux me connaître, prendre pleinement conscience de mes forces et de mes faiblesses, à mieux cerner ma surdité et son impact sur les autres, à être responsable et proactive car rien, dans la vie, ne vient tout seul…

Savais-tu que tu aurais des enfants sourds ? Etais-tu bien informée ou rassurée pendant le suivi des grossesses et pendant les premiers mois de tes enfants ?

Je ne savais pas avec certitude que nos enfants seraient sourds mais la probabilité était forte, car nous savions que notre surdité était d’origine génétique, avec de grandes chances de partager le même gêne responsable. Néanmoins, j’étais bien informée car la génétique est un sujet qui m’a toujours passionnée et je m’étais renseignée sur le sujet.

Par ailleurs, je suis devenue maman jeune et je ne cache pas que j’étais plutôt angoissée d’avoir un enfant sourd car j’avais peur :

  • de louper un réveil la nuit ou de ne pas l’entendre s’il était malade (la technologie a ses limites : panne de batterie par exemple, coupure d’électricité suite à un orage en pleine nuit etc),
  • de ne pas l’entendre tomber, partir, pleurer ou me parler, donc de ne pas réagir au bon moment
  • de ne pas pouvoir réagir s’il était incorrect (parole ou geste agressif) avec quelqu’un parce que je n’aurai pas entendu,
  • de ne pas arriver à l’aider à bien parler, et
  • qu’il prenne mon accent de sourde en plus du sien…

Tout cela se mariait bien évidemment avec des questions existentielles car j’étais étudiante à leur naissance et je me demandais comment arriver à tout concilier une fois que je ferais le grand saut dans la vie professionnelle : ma vie professionnelle sachant que j’étais ambitieuse, l’accompagnement des enfants en lien avec la surdité (orthophonie, hôpital, réglages d’implant etc…), l’accompagnement scolaire s’ils avaient des difficultés en intégration, ma vie personnelle, ma vie de couple etc… Je ne pouvais pas concevoir de choisir une chose plus qu’une autre… Tout était important pour moi, comme beaucoup de femmes modernes d’ailleurs !

Et en même temps, je savais que j’étais bien entourée : je ne tâtonnais pas sur le sujet comme d’autres parents puisque je connaissais déjà les bons interlocuteurs (ORL, audioprothésiste, orthophoniste…). Et mon parcours personnel me faisait dire qu’ils pouvaient tout à fait réussir dans leur vie professionnelle comme personnelle donc je n’avais pas d’angoisse particulière quant à leur avenir.

En conclusion, beaucoup d’interrogations, d’inquiétudes mais avec le recul, j’ai appris à me faire confiance et à faire confiance en la vie, tout simplement.

Maintenant qu’ils sont adolescents, quel regard portes-tu sur leur parcours ? 

Je suis très fière de mes ados. Ils sont vraiment chouettes et nous sommes très complices tous les quatre.

Ils ont été implantés bébés et les résultats sont vraiment excellents. Ils m’amusent toujours quand je les vois reconnaître des chansons, comprendre l’anglais dans leur casque lorsqu’ils jouent à des jeux en ligne avec des copains, bref faire des choses que personnellement je suis incapable de faire…

Et surtout, ils sont bien dans leur peau, ce qui était très important pour moi.

Aurais-tu un conseil à donner aux futures ou jeunes mamans sourdes ?

Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Faites-vous confiance, écoutez votre instinct !

Et si vous ressentez la peur de votre entourage, dites-vous que cette peur n’est pas la vôtre donc elle ne vous appartient pas ! La famille a souvent tendance à s’immiscer dans la vie d’une personne handicapée. Vivez votre vie comme vous l’entendez.

Un petit mot pour la fin ?

Si vous avez envie d’inspiration positive autour du handicap, ou tout simplement de vous laisser surprendre, amuser, émerveiller, n’hésitez pas à vous abonner à la page Handicapower sur Facebook. Je prends évidemment bien soin de choisir des vidéos sous-titrées (sauf si je ne peux vraiment pas faire autrement et c’est plutôt rare)…

A très bientôt, j’espère!

Merci Virginie coeur

******** FIN de l’interview ***********

  • Le site internet de Handicapower : https://www.handicapower.com
  • Le documentaire ‘L’éloquence des sourds’ : accessible ici 
  • Les actualités de Virginie en détail :
  • Never Give Up : Avec 8 autres coachs, nous organisons une tournée de conférences sur le thème du bonheur et de la réussite (cet ordre des mots est voulu car, pour nous, le bonheur attire automatiquement la réussite) en France puis en francophonie mondiale. Cette tournée a été lancée le 26 janvier à Paris. Cette tournée est particulière à 3 titres :
    • Tous les coachs ont vécu quelque chose de très difficile dans leur vie (vivre à la rue, faillite, crash familial, meurtre d’un parent, accident de la vie…) et vont partager avec le public ce qui leur a permis d’accéder au bonheur.
    • 2 des 9 coachs sont en situation de handicap
    • C’est la première fois au monde qu’un séminaire de développement personnel est accessible à tout handicap, y compris aux sourds (Langue des Signes Francçaise et retranscription écrite)
  • Marraine du projet ‘Droit comme un H’ : Il a pour ambition de permettre à tous les étudiants en situation de handicap motivés à accéder aux professions du droit (avocat, juriste etc.) et à trouver des stages ou des postes (en collaboration avec Ernst & Young, de nombreuses universités de droit, des prépas privées). Dix étudiants vont bénéficier de ce programme cette année.
  • Invitée au TedX de Lille. Rendez-vous mi-février 2019 pour écouter mon speech !

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